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dimanche 10 novembre 2013

La jeunesse de l'Azawad déterminée... - TAMAZGHA le site berbériste

La jeunesse de l'Azawad déterminée...
Entretien avec un jeune combattant : Ismaiel ag Babahmed.
lundi 11 novembre 2013
par Masin
L’annonce par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) de sa fusion avec le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), couvertures respectivement d’Ansar-Dine et du MUJAO, a été reçue comme un coup de tonnerre par les Azawadiens. C’est une alliance contre-nature qui va à l’encontre des aspirations des populations de l’Azawad largement acquises au MNLA et à son projet d’indépendance. Cette initiative va également à l’encontre de tous ses partenaires qui l’ont soutenu dans son combat depuis janvier 2012. C’est le cas de Tamazgha, à Paris, qui s’est toujours battue aux côtés des femmes et des hommes de l’Azawad décidés à accéder à leur souveraineté et à libérer leur territoire d’un colonialisme barbare soutenu par la toute puissante France. Par cette initiative, la direction du MNLA a fait le choix des bourreaux de l’Azawad au détriment des aspirations des Azawadiens et de tous ceux qui ont fait confiance à ce mouvement et ont soutenu son action. C’est pourquoi la démarche du MNLA est reçue comme un acte de trahison. Disparaître au profit d’une alliance avec les diables de l’Azawad, c’est renoncer au capital de près de deux ans de combats et le livrer à ces obscurantistes qui se cachent derrière des mouvements créés de toute pièce, sans aucune base en réalité, et qui assureront la transaction avec l’Etat malien. Ce sera aussi le retour en force des services algériens dans la gestion des affaires de l’Azawad.

Est-ce pour autant trop tard ? Non ! La direction du MNLA a son sort entre ses mains. Les dirigeants de ce mouvement qui a suscité un espoir sans précédent peuvent – ils doivent – se ressaisir pour rectifier leur erreur et reprendre leur indépendance pour poursuivre le combat qu’ils ont dirigé jusque-là. Les femmes, la jeunesse, les combattants sur le terrain ont besoin d’eux pour les représenter et non pour faire aboutir les plans machiavéliques de cette alliance internationale qui ne veut que l’éradication de l’Azawad.

Tous les échos que nous avons eus sur le terrain ces derniers jours, depuis la déclaration du MNL au sujet de la "fusion", sont unanimes : colère et sentiment de trahison et de lâcheté.
Pour donner un aperçu de l’état d’esprit des Azawadiens, nous avons été à la rencontre d’Ismaiel ag Babahmed, un jeune combattant engagé dans les rangs du MNLA dès janvier 2012.
Né en 1986 à Timtaghene, dans l’Azawad, Ismaiel ag Babahmed a arrêté ses études secondaires en 2006 pour rejoindre le soulèvement qui venait de se déclencher dans l’Azawad, avec l’Alliance du 26 Mars de Hassan Fagaga et feu Ibrahim Bahanga. Après le désarmement qui a eu lieu suite aux accords manigancés par l’Etat algérien, Ismaiel qui a vu nombre de ses camardes mourir sous les feu de l’armée malienne n’a pas eu le cœur à s’intégrer dans les rangs de cette armée qu’il a combattue et a préféré garder sa liberté. C’est ainsi qu’il a erré comme plusieurs Ichoumar pendant quelques années avant de trouver un travail au sein d’une entreprise de BTP brésilo-portugaise dans l’Azawad en 2011. En janvier 2012, il rejoint le maquis avec le MNLA à Tin Charate (In-Khalil) et a fait partie des unités qui ont libéré Tombouctou avant qu’elle soit prise parAnsar-Dine et son allié Aqmi. Il se retrouve, suite à cela, à Menaka avant que cette dernière soit attaquée par le MUJAO et ses alliés ; là Ismaeil a laissé nombre de ses camarades. Menaka récupérée par le MUJAO et ses alliés, il rejoint, avec les hommes du MNLA, l’unité de Tinzaouatine.
Engagé dans le MNLA pour la libération de l’Azawad, il fait partie de ceux qui sont scandalisés par les derniers agissements de la direction du MNLA qui remet en cause le combat pour lequel l’écrasante majorité des jeunes combattants Touaregs se sont engagés. C’est la raison pour laquelle il s’est rendu en compagnie d’une vingtaine de jeunes de l’Azawad à Ouagadougou pour rencontrer la délégation de la direction du MNLA qui était en pourparlers avec le HCUA et le MAA. Ces jeunes sont venus des camps de réfugiés, de la société civile dans l’Azawd et des camps de cantonnements des combattants de l’Azawad, ils avaient un seul message pour la direct ion du MNLA : "nous ne voulons pas brader le MNLA, nous ne voulons pas brader le combat pour la libération de l’Azawad". Ils ont met en garde quant à une éventuelle fusion avec le HCUA qui sera synonyme de trahison et qui sera lourde de conséquences pour l’Azawad.

Ci-après l’entretien que ce jeune combattant nous a accordé.


Ismaiel ag Babahmed



Tamazgha.fr : Le 4 novembre 2013, la direction du MNLA s’est associée aux directions du MAA et du HCUA pour annoncer leur fusion en prévision des éventuelles négociations qui auront lieu avec le régime de Bamakao. Quel accueil ont réservé à cette annonce les populations de l’Azawad, notamment les femmes et les jeunes qui ont fait preuve d’une forte mobilisation notamment à Kidal ces derniers mois ? 

Ismaiel ag Babahmed : Non, il n’y a pas eu encore de fusion ! Un groupe de politiciens au sein du MNLA s’est caché derrière de prétendues pressions de la communauté internationale pour justifier une fusion du MNLA avec le HCUA. Il n’est un secret pour personne que le Mali et toutes les parties hostiles à l’Azawad cherchent à phagocyter le MNLA par le HCUA afin que ce dernier puisse ramener le monde vers le Mali. En Mai 2012, certaines personnes qui agissaient dans l’ombre avaient tenté de faire phagocyter le MNLA par Ansar-Dine. Mais à cette époque, la population avait compris le jeu trouble et s’était farouchement opposée à une alliance avec le mouvement islamiste. En Novembre 2013, la population, notamment les femmes et les jeunes, a encore une fois compris le magouillage et s’est encore farouchement opposée au projet de fusion avec le HCUA et el MAA. Les populations ne veulent être représentés que par le MNLA qui est à même de porter leur voix à travers le monde, même si à notre grand étonnement, la direction du MNLA en ce moment agit au mépris de la volonté populaire et s’éloigne des aspirations des femmes et des hommes de l’Azawad. Les populations ne sont pas dupes et savent que ni les leaders d’Ansar-Dine, ni ceux du HCUA n’ont le souci des intérêts de l’Azawad. ET cette fusion entre le MNLA et le HCUA n’a pour but que de donner le « pouvoir » aux dirigeants du HCUA qui mèneront la fusion de manière autocratique et non démocratique, et la population sera privée des moyens d’expression. Et pour sauver leurs faces, les leaders du MNLA et du HCUA ont déclaré que le projet de fusion sera soumis à l’approbation de leurs bases respectives pour adoption dans les quarante-cinq jours. Or, il est évident que ni les combattants du MNLA, ni les femmes, ni les jeunes azawadiens n’accepteront la disparition du MNLA et surtout et encore moins le changement des couleurs de l’Azawad. En d’autres termes, la fusion n’aura pas lieu.


Est-ce que les populations de l’Azawad sont-elles prêtes à retourner sous le giron de l’Etat malien ? 

Non, les populations de l’Azawad ne sont pas prêtes à retourner sous le giron de l’Etat malien. Pour les Azawadiennes et Azawadiens ce dernier est synonyme de tous leurs malheurs et le retour de son armée sur le territoire de l’Azawad sera le retour de massacres à ciel ouvert sous le silence de la Communauté internationale. Que ce soit à Kidal, à Tinzawatene, Tin-Fadimata, In-Khalil, ou encore dans les camps refugiés, la population a toujours rejeté farouchement le Mali et son armée. La population a la conviction que ce qui n’a pas fonctionné en plus d’un demi-siècle ne fonctionnera pas du jour au lendemain. Et les appréhensions de la population se confirment de jour en jour. Dès que les forces militaires maliennes s’installent quelque part, dans le sillage de Serval, elles se livrent à l’arbitraire voir la barbarie. Massacres de personnes innocentes et vulnérables, exécutions sommaires, torture et j’en passe. Ce qui s’est passé à Ghezrarene, pas loin de Ménaka, en est l’une des illustrations. La nouveauté cette fois-ci c’est que le Mali commet ses exactions souvent sous les yeux des troupes de l’opération Serval et de la MINUSMA. Ainsi, en 2013, le Mali commet ses sales besognes avec la bénédiction de la communauté internationale. Comment voulez-vous que les populations souhaiteraient le retour sous le giron du Mali, et comment pouvoir croire à une quelconque cohabitation avec un régime raciste et criminel ? Ce qui se passe actuellement dans l’Azawad, en présence de la Communauté internationale, ne fait que conforter les Azawadiens dans leur conviction que leur salut passe inéluctablement par l’indépendance de l’Azawad. Seul l’Etat de l’Azawad est à même de les protéger.
Aujourd’hui, même si la direction politique du MNLA, en prétextant de prétendues pressions, finit par "déposer les armes", les populations de l’Azawad, à l’intérieur ou à l’extérieur, n’accepteront jamais le retour du Mali et elles poursuivront leur quête de liberté par toutes les voies possibles.


Il semblerait que les réfugiés, notamment en Mauritanie et au Burkina-Faso, ne sont toujours pas revenus dans l’Azawad, Pourquoi ? 

Si les réfugiés, dans leur grande majorité, ne sont pas encore revenus dans l’Azawad c’est parce que les raisons pour lesquelles ils ont été contraints de partir en janvier-février 2012 sont toujours d’actualité. La majorité de ces populations se sont réfugiées car elels rejettent le Mali et elles ont peur de l’armée malienne qui s’est illustrée par les massacres d’Azawadiens et ce depuis 1963. Grace à l’opération Serval, l’Etat malien est revenu dans une partie de l’Azawad. L’armée malienne est aussi revenue dans le sillage de Serval et de la MINUSMA qui couvrent ses crimes. Les populations réfugiées savent qu’elles s’exposeraient à tous les dangers si elles reviennent. Il n’y a eu aucun changement, bien au contraire. Et le fait que le Mali a des partenaires qui couvrent ses abus, complique davantage la situation.

Propos recueillis par,
Masin Ferkal. 



Certains des jeunes qui se sont rendus à Ouagadougou pour rencontrer la délégation du MNLA en pourparlers.

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