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dimanche 10 novembre 2013

Benchicou : « Bouteflika est un assassin, Khadra complexé et l’Algérie va vers sa partition! » | Kabyle.com

Benchicou : « Bouteflika est un assassin, Khadra complexé et l’Algérie va vers sa partition! »

Le corps chétif mais le verbe acerbe ! C'est à un véritable réquisitoire que s'est donné l’écrivain-journaliste Mohamed Benchicou contre le régime algérien lors d'une rencontre organisée vendredi soir par « A la librairie », dans la ville de Bobigny en banlieue parisienne.
Lors d'une vente-dédicace à Bobigny, Mohamed Benchicou assène ses vérités.

Dès la prise de parole du directeur du journal  en ligne lematindz.net, interdit dans sa version papier par le régime de Bouteflika depuis 2004, les questions portent sur la politique algérienne  et notamment sur la candidature de Yasmina Khadra, ancien commandant de l’armée algérienne reconverti dans l’écriture. Selon Benchicou, cette candidature n'est pas sérieuse puisque l’intéressé serait motivé uniquement par un complexe psychologique de l'ex militaire, dont le père a voulu propulser au premier plan depuis l'enfance, qui a toujours souhaité honorer ce dernier. Benchicou tente de tracer le profil du candidat à la présidentielle algérienne en se focalisant sur vocation littéraire refoulée depuis que « son père l'a abandonné devant la porte de la caserne », cette vocation retrouvée après une carrière de soldat tient racine dans une quête identitaire avortée selon le journaliste. Il étaye son propos par le fait que tous les présidents algériens viennent de l'institution militaire qui demeure l'institution la plus solide en Algérie. Même si Benchicou ne dénie pas le droit à se porter candidat à Mohammed Mouleshoul (alias Yasmina Khadra) car « toutes les solutions seraient bonnes », il reste convaincu que le salut n'est autre que dans une rupture radicale avec « ce système grabataire » dépassé.

Fidèle à sa légendaire dérision, l'auteur de « Bouteflika, une imposture algérienne » revient sur « cet homme qui gouverne encore l'Algérie en pyjama ». Pour lui, le pouvoir dans les pays arabo-musulmans dépend de l'appartenance à une tribu, une royauté, à une armée ou à une lignée supposée sacrée ! Il cite les alaouites en Syrie, le Makhzen marocain et les régimes dictatoriaux de Kadhafi et Moubarak, et l'Algérie n’échappe pas à ce modèle. Pour Benchicou, « les fausses républiques arabes » n'ont aucune légitimité populaire, ce qui explique leur chute brutale et le clan de Oujda, qui a pris le pouvoir en Algérie en 1962, va subir le même sort. Sur ce point, le conférencier rappelle que Bouteflika, qui est réellement un militaire et non un civil, est un membre fondateur du régime algérien et qu'il « était dans les bagages de l'armée » depuis toujours. L'auteur venu dédicacer son dernier ouvrage Le dernier soir du dictateur n'a pas raté l'occasion pour descendre en flammes celui qui l'a mis en prison pendant deux ans. « Bouteflika gouverne par l'assassinat » assène t-il. Il rappelle, suite à l'intervention du chroniqueur Meziane Ourad, que le demi-frère de Bouteflika a été tué et enterré dans le jardin de la famille lorsque ce dernier est revenu du Maroc réclamer sa part de l'héritage familial, révélation tirée de son livre consacré au président algérien. L'auteur insiste sur le fait que Bouteflika était la courroie de transmission entre le clan de Oujda et les cinq détenus d'Aulnay quand Ben Bella et Boumédienne préparaient le coup de force contre le GPRA. Le même personnage a joué un rôle de premier plan dans le coup d’État qui a renversé Ben Bella en 1965 et les assassinats politiques du régime de Boumédienne, rappelle Benchicou. Sur le secret de la longévité politique de Bouteflika, l'écrivain souligne son don de la manipulation des médias et des foules. Pour lui, le président algérien n'est qu'un machiavélique de premier plan sans consistance réelle. c'est un personnage amoral, poursuit l'écrivain citant l'exemple de « Tab Djnanou » (le fruit est mûr) lancé à Constantine afin d'apitoyer les foules et d'avoir ainsi leur soutien pour une nouvelle mandature.

A une question relative à la pertinence actuelle de la plate-forme de la Soummam, Mohamed Benchicou situe le Congrès de 1956 dans le cheminement du mouvement national entamé depuis les années 20. Pour l'auteur, qu'elles que soient les résolutions de la fameuse plate-forme, elles n'avaient aucune chance d'aboutir puisque le système qui l'a vue naître était autoritaire. Au passage, Benchicou qualifie Abane Ramdane de dictateur puisque ce dernier a ordonné l'exécution de militants berbéristes et communistes. Le FLN était un parti qui a imposé son hégémonie par la violence sur les autres courants nationalistes et c'est ce système de parti unique, voulu par Abane, qui a été reconduit après l’indépendance, conclue-il. Benchicou reconnaît que l'exécution de l'architecte de la révolution algérienne était l’œuvre des militaires que celui-ci a voulu marginaliser dans la direction de la révolution par son célèbre principe « primauté du civil sur le militaire ». L'institution de ce principe fondateur a aiguisé les appétits des uns et des autres selon le conférencier qui rappelle que le processus de libération nationale algérienne a méprisé l'aspiration démocratique dans son accomplissement. Sur sa lancée, l'auteur de « La parfumeuse » souligne, avec une pointe d'ironie, le choc qu'ont eu les algériens en découvrant que leur drapeau était l’œuvre d'une française anarchiste et qui n’était autre que l’épouse de Messali Hadj.
Benchicou a traité également de l'actualité politique algérienne. Il reste ébahi devant le chiffre de 920 milliards de dollars dépensés pendant les trois mandats de Bouteflika alors que le gouvernement vient d'annoncer la suppressions des prestations sociales. Bouteflika a gravement compromis l'avenir du pays, selon Benchicou, puisque à sa venue en 1999 l'Algérie dépendait à 98% de son économie des recettes pétrolières et c'est toujours le cas aujourd'hui, l'explosion de la corruption en prime. Benchicou révèle que des « émissaires » de la présidence algérienne l'ont approché afin de donner son aval pour la réapparition du journal Le Matin dans sa version papier et que lui-même  a demandé à ce que l'interdiction soit levée au niveau de l'imprimerie, mais sans résultat. A la question de l'implication de l'ancien journaliste dans la guerre civile des années 1990 en défendant l'institution militaire, Benchicou affirme avoir agi sous l'effet de l'émotion et de la peur de l'hydre islamiste, il révèle également que la première commission de dialogue avec les islamistes a été mise en place par les militaires. Depuis 2001 et les événements du Printemps noir de Kabylie,  Boutefika, ainsi que tout le régime, s'est aligné directement sur les islamistes, affirme Mohamed Benchicou. La situation de la presse a été également traitée par l'homme qui assume avoir travailler pendant 13 ans  pour l'organe central du FLN El Moudjahid dans les années 80. A ses yeux cette dernière est dévoyée par le pouvoir, insistant sur le fait qu'une presse même dévoyée reste « mieux » qu'une presse unique étant donné qu'à ce moment là « les infos venaient directement de la présidence ».

A notre question si Benchicou reprendrait à son compte la sentence du grand écrivain Boualam Sensal déclarant récemment à un journal belge : « Je ne crois pas à la démocratie dans le monde arabo-musulman », l'auteur de Les geôles d'Alger soutient que la religion est l'antipode même de la démocratie. Il suggère « l'imagination d'un modèle propre au monde arabe » étant l'imbrication profonde du facteur religieux dans la société. Benchicou réfute de la même manière la projection du modèle turc au monde arabe. Il argumente ses dires par l'originalité de Kamel Ataturk, imprégné de démocratie et de valeurs occidentales et qu'un personnage pareil ne peut exister chez les armées arabes. Concluant sur le cas algérien, Mohamed Benchicou prédit non moins qu'une partition proche de l'Algérie étant donné son caractère hétérogène et l'autoritarisme de son régime qui répond par la violence à des revendications légitimes.

La rencontre s'est achevée tard dans la soirée et les présents ont pu se procurer Le dernier soir du dictateur, pièce de théâtre et dernier ouvrage de Mohamed Benchicou et Le mensonge de Dieu, livre interdit en Algérie. Il est à noter la présence à la rencontre d'anciennes plumes du quotidien disparu, comme Meziane Ourad, Hassen Zerouki et Youcef Rezoug.

Ahviv Mekdam Pour Kabyle.com


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