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jeudi 17 avril 2014

« Le consul Algérien supplie les Kabyles de voter ! » | Tamurt.info - Votre lien avec la Kabylie


La fin d'un système à bout de souffle



Par
Jean-Marcel Bouguereau

Publié à 06h00
Mise à jour : 07h06





Jean-Marcel Bouguereau

Jean-Marcel Bouguereau



L'image résume à elle seule l'état du pouvoir en Algérie : c'est en
fauteuil roulant que Bouteflika est allé voter jeudi, sa première sortie
publique, après son grave accident cérébral l'an dernier. Comment ce
pays qui compte 70 % de jeunes peut-il présenter à la présidentielle un
mort-vivant et sans doute l'élire au terme d'une campagne fantôme ?
Faut-il que l'état algérien, dont personne au juste ne sait vraiment qui
le dirige - l'armée, les services secrets ou les oligarques - soit à ce
point démuni de ressort pour que les clans de cette nomenklatura se
neutralisent au point, faute de relève, de ne réussir à se mettre
d'accord que sur un seul nom, celui d'Abdelaziz Bouteflika, 77 ans ?
Comment ce pays, riche de ressources pétrolifères immenses, peut-il être
dirigé par un homme tout juste capable de prononcer quelques mots
devant des hôtes étrangers ?




Ce pays avait pourtant tout pour réussir avec sa longue façade maritime,
sa riche agriculture et ses énormes réserves de gaz et de pétrole. Mais
l'Algérie indépendante n'a cessé de multiplier les erreurs jusqu'à
copier le modèle soviétique. Ses entreprises ont été étatisées. Elle a
dupliqué avec le FLN le modèle stérilisant du parti unique. Son armée et
ses services secrets ont été formés par l'Allemagne de l'Est et il en
reste quelque chose aujourd'hui dans la répression des opposants. Cette
"stagnation", comme on nommait la période Brejnev à Moscou, est
l'aboutissement de la mise en coupe réglée du pays par une oligarchie
corrompue.




La rente pétrolière a été la chance de l'Algérie en même temps que son
malheur car l'exploitation pétrolière a empêché toute autre forme de
développement, enrichissant un petit nombre et désespérant la majorité.
Certes Bouteflika a ramené la paix civile après la décennie noire où les
affrontements avec les groupes islamiques ont fait 200 000 morts. Si ce
traumatisme reste fort, cette guerre date de 1998. La jeunesse n'a rien
connu de cette période. Elle en a assez qu'on lui parle de cette
"décennie noire" et encore plus de la guerre de libération et de ses
martyrs. Chômage endémique. Absence de perspectives et de moyens. Cette
jeunesse désabusée étouffe et n'a qu'une envie : fuir ailleurs !




Crise identitaire, crise du logement et de confiance. Cette "élection"
qui sera marquée par la fraude et par une faible participation ne
réglera rien. L'idée d'un changement de régime est devenue pressante et
fait consensus, des islamistes aux laïcs, des jeunes du mouvement
"Barakat" qui disent "ça suffit" à ce quatrième mandat jusqu'aux
multiples associations d'une société civile en ébullition. Ce pays de
quarante millions d'habitants avec un PIB qui dépasse 200 milliards de
dollars, ne peut plus être géré dans l'opacité comme une tribu.

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