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mercredi 20 mars 2013

Les Algériens en colère contre un État "laxiste" envers les tueurs d’enfants


Les Algériens en colère contre un État "laxiste" envers les tueurs d’enfants

Capture d'écran d'une vidéo montrant les manifestants devant un bâtiment officiel à Constantine qui crient "quelle honte ! Un gouvernement sans décision !"
 
Des milliers de personnes en colère sont sorties manifester dimanche, à Constantine, après l’enlèvement et le meurtre de deux enfants. La foule dénonçait le manque de réaction de l’État face à ce fléau.
 
 
Haroun et Ibrahim étaient âgés de 10 et 9 ans. Enlevés devant leur domicile le 9 mars, ils ont été violés et retrouvés morts trois jours plus tard. Leurs deux cadavres avaient été mis dans une valise et jetés près d’un chantier.
 
Ce n’est pas la première fois qu’un tel fait divers défraie la chronique en Algérie. Durant la seule année 2012, 36 enlèvements d’enfants ont été signalés dans ce pays. En décembre dernier, l’enlèvement et le meurtre d’une petite fille de huit ans, non loin de la capitale Alger, avait déjà provoqué une vague d’indignation. Des membres de la société civile avaient appelé à l’époque à la mise en place d’un "système d’alerte kidnapping" pour lutter contre ce fléau.
 
CONTRIBUTEURS

"Il faut aussi sensibiliser les parents pour qu’ils surveillent mieux leurs enfants"

Salima Souakri est membre de l’Observatoire des droits des enfants. Championne de judo, elle est également ambassadrice de bonne volonté auprès de l’Unicef.
 
Il y a de plus en plus d’enlèvements d’enfants ces derniers mois en Algérie [le nombre d'enlèvements d'enfants est passé de quatre en 2008 à 31 entre 2012 et 2013]. Cela ne concerne pas une région en particulier, mais cela touche les grandes villes [selon le directeur de la Fondation nationale pour la promotion de la santé, du développement et de la recherche, les enlèvements auraient souvent lieu dans des quartiers récemment construits où il n’y a pas encore de commissariats de police, NDLR]. Il ne s’agit pas de réseaux de kidnappeurs, mais d’actes individuels. Le scénario est cependant toujours le même : des enfants sont enlevés devant chez eux, ils sont abusés sexuellement puis retrouvés morts, quelques jours plus tard.
 
L’enlèvement d’Ibrahim et Haroun à Constantine a été la goutte qui a fait déborder le vase pour les Algériens. Bien que des enlèvements et des meurtres d’enfants aient déjà eu lieu par le passé, nous n’avons jamais entendu un officiel algérien faire une déclaration à ce sujet, même pour condamner ces actes ou promettre des mesures. Les familles ont l’impression que l’État reste passif. Les manifestants ont appelé hier à un durcissement du code pénal et certains ont même appelé à l’application de la peine de mort pour les tueurs d’enfants. Car aujourd’hui, on applique dans les procès de ces derniers les mêmes lois que pour l’enlèvement et le meurtre d’adulte. Il n’y a pas de loi spécifique quand les victimes sont des mineurs.
 
La colère des citoyens a payé : une réunion interministérielle a été organisée hier et le Premier ministre a promis que des mesures fermes et rapides seraient adoptées pour lutter contre ce fléau. Il est question d’un durcissement du code pénal.
 
Cela dit, il faut aussi sensibiliser les parents. Si des enfants sont enlevés alors qu’ils jouent dans le quartier, c’est que non seulement ils sont laissés sans surveillance mais en plus ils sont prêts à partir avec le premier venu [selon des témoins, les deux enfants ont été interpellés par un homme qui prétendait ne pas connaître la région et a demandé aux deux garçons de monter à bord de sa voiture pour lui indiquer son chemin, NDLR]. C’est le rôle des parents d’apprendre aux enfants d’être plus méfiants - sans non plus tomber dans l’extrême opposé et isoler les enfants sous prétexte de les protéger.
 
En tant qu’organisation, nous essayons de sensibiliser les familles à cela à travers des colloques et des conférences. Nous avons également fait appel à des personnalités connues du grand public pour participer à des spots publicitaires qui encouragent les parents à veiller plus attentivement sur leurs enfants. Mais nous voudrions également que cette mobilisation ne soit pas uniquement le fait de la société civile. Il est temps qu’un organisme étatique de défense des droits des enfants voie le jour.

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