Répondant à des questions lors d’une conférence-débat qu’il a animé à Sidi Aïch (Béjaïa), Saïd Sadi a sévèrement critiqué Messali Hadj, Ali Kafi et Ahmed Benbella. « Benbella était un agent de Fethi Dib, patron des services secrets Égyptiens », a déclaré l’ancien président du RCD.
Invité à commenter l’attitude étrange d’Ali Kafi qui n’avait cessé de son vivant de traiter Abane Ramdane de traître, le conférencier a eu cette réplique : «Ali Kafi qui n’a jamais été congressiste à Ifri en 1956, était aveuglé par la haine anti-Kabyle. Cela relève du pathologique. »
« Doublement choqué »
Á propos de Messali, Saïd Sadi s’est dit doublement choqué : « J’étais choqué lorsque l’aéroport de Tlemcen a été débaptisé au nom de Messali, qui a pourtant dirigé un Mouvement armé contre l’ALN durant la révolution. Ce n’est rien d’autre qu’une prime à la trahison. Je suis tout autant choqué par l’attitude de l’ONM qui s’est mue dans un silence après que le président français, François Hollande, ait déclaré lors de sa visite à Tlemcen qu’il était temps de réhabiliter Messali », dit-il avant de poursuivre :  » j’ai écris à François Hollande pour lui demander ce qu’il penserais si j’appelais la France à réhabiliter le maréchal Pétain ».
C’est dans une salle de cinéma de Sidi Aïch pleine à craquer (plus de 800 personnes), que Saïd Sadi s’est exprimé dans le cadre d’une série de conférences-débats programmées en Kabylie.
« Falsification de l’histoire »
Invité par une association locale, Saïd Sadi a animé une conférence sur le thème : « Vallée de la Sommam : terrain de guerre, mémoire d’avenir. » « C’est la falsification de l’Histoire qui m’a incité à prendre mon bâton de pèlerin. J’ai décidé en toute conscience de me mettre à l’écriture de notre Histoire car c’est un acte citoyen. En ces moments d’incertitudes qui pèsent sur la Nation, le référent historique est vital », a affirmé le conférencier. Ce dernier a axé son intervention sur trois événements historiques qu’a vécue la Valée de la Soummam : l’insurrection d’El Mokrani et Cheikh Aheddad en 1871, la grève des travailleurs de la mine de Timezrit, qui a duré neuf mois en 1953 et le congrès de la Soummam. « Ce sont les capacités organisationnelles, la structure et la culture Amazighs de la région basées sur les solidarités sociales qui ont fait que ces trois événements historiques majeurs aient lieu dans cette région et pas ailleurs », analyse-t-il. Et le conférencier de faire une révélation : « C’est le texte faisant office de réponse adressé à Messali par des militants du PPA-MTLD durant la crise berbériste de 1949 qui a fortement inspiré la déclaration de novembre 54, la plateforme de la Soummam et même les accords d’Evian ».
« Le régime est finissant »
Les militants berbéristes avaient dénoncé dans cette lettre le comportement de Messali qui a déclaré que l’existence de la Nation algérienne remontait à seulement 7 siècles. Enfin, analysant la situation actuelle du pays, le Docteur Sadi a estimé qu’« à bout de souffle, le régime est finissant. L’État est délabré, miné par les divisions; la rente s’est fondue et les tenants du pouvoir à Alger n’ont aucune volonté politique de construire un État démocratique », a-t-il affirmé avant de conclure sur une note plus optimiste : « La jeunesse d’aujourd’hui n’a plus peur ».