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lundi 2 juin 2014

TAMAZGHA OCCIDENTALE Les Berbères face aux barbares

TAMAZGHA OCCIDENTALE
Les Berbères face aux barbares
lundi 2 juin 2014
par Yafelman
A Tamazgha occidentale, le respect des droits humains n’est qu’une chimère, un horrible mensonge. Deux malheureux événements fin du mois de mai 2014 dans le Rif viennent nous rappeler que la situation dans cette région, maudite par le régime alaouite, est loin d’être "normalisée". La répression y est systématique et le régime n’arrive toujours pas à pardonner aux "sauvages" du Rif [1] leur résistance et leur ténacité perçus comme un affront. Le Rif a payé très cher le prix de sa singularité et de son combat pour son indépendance au cours des années 1920. La répression sauvage qui s’était abattue sur la région au cours des années 1958, 1959 et 1984 restera à jamais dans les esprits. Ce qui se passe dans le Rif n’est, désormais, qu’une continuité.


Mort sous la torture
Au Maroc des Alaouites, la police torture comme elle respire. Le 27 mai 2014, la police marocaine a arrêté puis torturé à mort, à l’intérieur du commissariat de Biya (Houceima), Karim Lachqer, un militant syndicaliste rifain. Le jeune homme a été arrêté lors d’un contrôle routier vers 3 h du matin à l’entrée de la ville. Tué, sa dépouille a été transportée par la police à l’hôpital de la ville. Elle a, par la suite, tenté d’exercer des pressions sur les médecins pour signer un certificat de décès pré-établi. Ce document attesterait que Karim Lachqer était mort après son arrivée à l’hôpital. Les médecins ont refusé de signer l’acte de décès fourni par la police.

Le même jour, la Direction générale de la sécurité nationale (DGSN) a rendu public un communiqué laconique par lequel elle explique que la victime a été arrêtée lors d’un contrôle de routine à l’entrée de la ville, à bord d’un véhicule où se trouvaient également trois personnes qui étaient toutes "ivres". D’après ce communiqué, la victime, qui voulait s’échapper au contrôle de la police a ouvert la porte du véhicule et a pris la fuite. C’est lors de sa fuite qu’il a trébuché. En tombant, il s’était cogné la tête sur un objet contondant. Arrêté par la suite, il a été transféré au commissariat de police où il a été identifié avant d’être transporté par ambulance à l’hôpital où la victime est décédée alors qu’il était dans le coma.
Loin de calmer la situation, ce communiqué soulèvera l’indignation des associations locales, des amis et de la famille de la victime qui dénoncent, tous, cette version des faits qu’ils qualifient de mensongère.

Autopsie accablante
La dépouille du défunt a été, par la suite, transportée dans un hôpital à Casablanca pour une autopsie poussée afin de déterminer exactement les circonstances du décès. Le rapport du médecin légiste qui a procédé à l’autopsie est sans appel. "Le décès est survenu suite à une hémorragie interne provoquée par la torture". Le jeune militant a trouvé la mort à 4h15, une heure avant son arrivée à l’hôpital, en provenance du commissariat de police. Le rapport mentionne également que les traces des coups constatés sur le corps de la victime sont causées en partie par les coups et blessures commis par la police.

La mort de Karim Lachqer vient confirmer l’existence de la torture dans les commissariats de police. Cette pratique a été dénoncée récemment par des ONGs des droits humains.

Arrestation
Une journée avant cet événement tragique, un militant du Mouvement amazigh, Samir EL Mourabit, a été arrêté par la police , toujours à Houceima, dans le Rif. Fondateur de l’Association Timmuzgha et premier secrétaire du Syndicat des commerçants de Biya, il a été arrêté suite à une supposée plainte déposée par un agent des forces auxiliaires (Moukhazni) qui l’accuse d’avoir "proféré des insultes à l’encontre d’un agent public dans l’exercice de ses fonctions". En signe de solidarité avec ce militant, les commerçants ont déclenché une grève dans toute la ville. Ils demandent sa libération immédiate.

Le jeudi 29 mai 2014, Samir Elmourabit a été condamné par le tribunal de Biya à deux mois de prison avec sursis et à une amande de 5 000 dhs.

Un goût du "déjà vu".
La mort sous la torture dans les locaux de la police est courante à Biya où la police agit comme en territoire conquis. Le 20 février 2011, cinq corps calcinés ont été retrouvés dans une agence incendiée de la Banque populaire de cette ville. Le lendemain, le ministre de l’intérieur de l’époque, Taïeb Chekaoui, avait affirmé lors d’une conférence de presse que les dépouilles étaient celles de malfrats qui tentaient de dévaliser l’agence bancaire. Ils ont été pris au piège d’un incendie criminel causé par des manifestants qui protestaient contre la monarchie. Cette version a été contestée par les familles des victimes et par les associations des droits humains. A ce jour, le mystère des cinq cadavres de Biya n’a jamais été élucidé. L’enquête a été classée sans suites.

Un an après cette découverte macabre, une source policière de la ville de Biya a apporté un nouvel éclairage sur cette affaire. Selon un témoin, les victimes auraient été tuées sous la torture par les forces de la répression pour avoir manifesté le 20 février 2011 contre le régime. Les assassinats ont été "maquillés" en victimes d’incendie.

Les membres des familles appelés pour identifier leurs proches affirment que les pieds et les crânes des victimes étaient fracturés. Le procureur de la ville a refusé de livrer aux familles les documents de l’autopsie. Il a également menacé les familles de poursuites lorsqu’elles ont demandé de visionner l’enregistrement des caméras de surveillance de la banque et l’ouverture d’une enquête sérieuse sur ce crime.

Ces malheureux événements viennent nous rappeler le vrai visage de la monarchie marocaine et de ses forces de répression. Ils nous rappellent aussi l’humiliation et le mépris que subissent Imazighen sur leur propre Terre.


A. Azergui

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