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mercredi 9 avril 2014

Une vidéo dévoile les violences faites aux femmes soldats au Sri Lanka

Une vidéo dévoile les violences faites aux femmes soldats au Sri Lanka

 
Des images amateur montrent des femmes en uniforme, harcelées et battues par des soldats sri lankais. L’armée nationale a reconnu l’authenticité de la vidéo et d’après notre Observatrice sur place, il ne s’agirait pas d’un incident isolé.
 
La vidéo de 5 minutes publiée le 20 mars sur le Sri Lanka Guardian, un site d’opposition censuré au Sri Lanka, est filmée avec un téléphone portable, vraisemblablement par un autre soldat. Huit femmes y sont humiliées lors d’exercices d’entraînements militaires. Celles qui ne parviennent pas à faire des pompes ou ne rampent pas assez vite sont notamment frappées.
 
ATTENTION
CERTAINS PASSAGES DE LA VIDÉO PEUVENT CHOQUER LES PLUS SENSIBLES
 
La vidéo a d'abord été publiée sur le site d'opposition avant que l'armée ne valide son authenticité. Vidéo avec l'amabilité du Sri Lanka Guardian.
 
L’armée sri lankaise a officiellement reconnu, deux jours après sa publication, l’authenticité de cette vidéo. Selon son porte-parole, la scène aurait été filmée en octobre 2012 dans le district d’Anuradhapura, dans le centre du pays. Les instructeurs auraient puni ces femmes pour avoir "violé la discipline militaire", mais selon le porte-parole militaire, les méthodes employées n’étaient "pas adaptées à la procédure habituelle". Il affirme que des "sanctions strictes seront prises contre les auteurs".

"Si l’armée admet l’authenticité de cette vidéo, c’est juste une concession envers la communauté internationale"

Harshi Perera est avocate et militante des droits de l'Homme. Elle a fondé Janasansadaya, une association qui milite pour la fin de la torture au Sri Lanka.
 
Ces brutalités gratuites envers des femmes sont insoutenables, mais elles ne sont malheureusement pas nouvelles. Depuis la fin de la guerre, des informations sur des actes de torture et de harcèlement étaient souvent évoqués.
 
Le Sri Lanka est une société patriarcale où les violences domestiques faites aux femmes sont quotidiennes. Nous avons fréquemment des plaintes de femmes de ménage battues, d’autres torturées par la police, ou des cas de viols dans les prisons. Mais notre association n’a jamais reçu aucune plainte directe concernant des violences ou tortures dans l’armée.
 
Dans la vidéo ci-dessus, les femmes sont forcées à faire des pompes. Celles qui ne tiennent pas la position sont fouettées.
 
"Cette vidéo ne changera pas grand-chose à l’état des droits de l’Homme au Sri Lanka"
 
C’est une excellente nouvelle que l’armée reconnaisse l’authenticité de cette vidéo. Elle avait jusque là balayé les preuves de harcèlement, de tortures ou d’exécution dans les camps militaires présentées par des opposants politiques. Le fait que les victimes soient des femmes a sûrement joué car le gouvernement sait que la communauté internationale est beaucoup plus sensible à cette question. Pourtant, beaucoup d’autres vidéos montrant des scènes de violence existent [après la publication de la première vidéo, le Sri Lanka Guardian a posté le 3 avril une nouvelle vidéo montrant des scènes de brutalité envers des hommes soldats. L’armée n’a pas communiqué sur cette seconde vidéo].
 
Mais pour être honnête, je crois qu’il s’agit davantage d’une concession de la part de l’armée. C’est lié au contexte international avec l’ouverture de cette enquête par les Nations unies [le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies a lancé, le 27 mars, une enquête sur les allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité durant la guerre au Sri Lanka entre 1983 et 2009]. Je ne pense pas que cette vidéo changera grand-chose à l’état des droits de l’Homme au Sri Lanka dans l’immédiat. Les récentes déclarations du gouvernement le montrent bien : elles continuent de mettre la pression sur les associations pour qu’elles ne collaborent pas avec le Haut Commissariat aux droits de l’Homme.
 
 
Les soldats frappent parfois sans sommation les femmes soldats.
  
L’enquête ouverta par les Nations Unies vise l’armée sri lankaise mais également les rebelles tamouls, une organisation séparatiste hindoue qui revendique l’autonomie de l’est et du nord du Sri Lanka. Le gouvernement a refusé de participer à cette enquête internationale et menace de poursuivre en justicetoute personne qui accepterait de témoigner auprès des Nations unies car leur collaboration violerait la Constitution du pays et la souveraineté de l’État :  le climat est donc extrêmement tendu et les activistes des droits de l’homme sri-lankais, déjà régulièrement harcelés ou accusés de "terrorisme", sont sous pression.
 
La guerre au Sri Lanka a fait 22 000 morts du côté des soldats sri lankais, 28 000 du côté des rebelles tamouls et 40 000 victimes civiles selon une estimation des Nations unies.

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