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jeudi 23 janvier 2014

Aït-Aissa-Mimoun : un combattant FLN de la guerre d’indépendance crie à l’iniquité et exige réparation


Aït-Aissa-Mimoun :
24/01/2014 - 00:19 mis a jour le 23/01/2014 - 19:19 par Saïd Tissegouine
Un combattant du Front de Libération Nationale (FLN) de la guerre d’indépendance crie désespérément à la réparation de l’iniquité qu’il subit depuis l’année 1967 à ce jour.
Il s’appelle Mohamed-Arezki Arabi et né le 14 février 1937 à Ouaguenoun et demeure au village Akaoudj, commune d’Aït-Aïssa-Mimoun (Tizi-Ouzou). Comme tout Algérien assoiffé de justice et surtout de vivre libre, Mohamed-Arezki Arabi, qui était travailleur en France, prit les armes contre la France coloniale quand le FLN sonna le tocsin en 1954.
Mohamed-Arezki Arabi qui était donc sur le sol français au moment du déclenchement de la guerre s’inscrivit sur le registre des combattants de la Fédération FLN de France. Un document délivré par l’instance compétente du FLN renseigne que Mohamed-Arezki Arabi fut incorporé dans l’aile militaire du FLN en 1957 au 13e arrondissement (Paris).
Son jeune âge, sa puissance et surtout sa férocité au combat firent de lui un chef de commando. Lors de l’ouverture du second front du FLN en 1958, Mohamed-Arezki Arabi était parmi les premiers combattants choisis par les responsables du FLN à mener des opérations militaires contre l’ennemi.
En 1961, au cours d’un accrochage particulièrement sanglant entre un commando du FLN et les forces de sécurité françaises, Mohamed-Arezki Arabi fut grièvement blessé. Les projectiles qu’il reçut sur son corps lui firent perdre à jamais la vue. Les examens médicaux établis à cette époque mentionnent : « Globes atrophiques yeux atteints à 100% et l’hypoacousie bilatérale – perte auditive globale -4,2- (10%. Taux global d’invalidité : 100% ».
La notification d’une pension délivrée par le ministère des Anciens Moudjahidine , référencée I/A/ 34I /63000054 du onze juin 1963, a fixé le montant de la pension à 3.600 NF (nouveaux francs) et avec majoration de 1.080 NF, et ce en conformité avec l’article 6. A noter qu’après sa blessure, Mohamed-Arezki Arabi fit transféré par les cadres et dirigeants de la Fédération FLN de France en Allemagne pour recevoir des soins. Toutefois, la nature de la blessure exigea des soins particuliers lesquels relevaient de la compétence d’une clinique espagnole. C’est pourquoi, Mohamed-Arezki Arabi, après les premiers soins prodigués par les médecins allemands, se retrouva , toujours par le biais du réseau du FLN, dans une clinique d’Espagne.
En dépit de tous leurs efforts, les médecins espagnols ne purent faire retrouver la vue à Mohamed-ArezkiArabi. Pour quitter enfin le territoire espagnol, le chef de commando FLN avait besoin de passeport. Et pour ce faire, le réseau du FLN lui fit parvenir à partir du Maroc un document de voyage marocain. Celui-ci porte le numéro de série 003988.
Après le recouvrement de l’indépendance et la reconnaissance du dinars comme nationale, la décision de pension toujours référencée I/A/34I du 11 juin 1963 consacre le montant de la pension de Mohamed-Arezki Arabi en sa qualité de blessé en tant que combattant du FLN à 3.600, 00 DA. Pendant les quatre années qui suivirent l’indépendance de l’Algérie, Mohamed-Arezki Arabi vivait dans la fierté. La perte totale de sa vue lui a procuré même un vrai sentiment de fierté puisqu’il portait en lui la preuve de son accomplissement du devoir national. Hélas, cette fierté fut transformée en cauchemar en 1967, année où le statut de blessé de guerre fut modifié, on ne sait ni comment ni par qui, pour devenir victime de la guerre. En dépit d’une protestation pour corriger cette erreur, aucune mesure correctionnelle ne fut arrêtée.
Aujourd’hui encore, soit 47 ans après, Mohamed-Arezki Arabi ne fut pas rétabli dans ses droits. Pire encore, la référence de son dossier de pension fut modifiée. En effet, le I/A/34I/ 63000054 fut modifiée pour devenir 000/6300054. Alors la question : pourquoi a-t-on remplacé le I/A/34I par 000 et quel autre dossier a-t-on décidé de référencer par le I/A/34I ? En 2008, l’un des enfants de Mohamed-Arezki Arabi qui se prénomme Moussa a décidé d’enfourcher son cheval de bataille pour tenter de faire rétablir son paternel dans son droit « le plus inaliénable ». Hélas, pour Moussa Arabi, c’est aussi le début d’une véritable galère. Les nombreuses attestations communales concernant son père qu’il a réussi à se faire délivrer au niveau de la direction des Moudjahidine de la wilaya de Tizi-Ouzou comportent, chacune, une « mention » différentes des autres. Au niveau du ministère des Moudjahidine, certains fonctionnaires, conscients de l’erreur, veulent apporter un correctif nécessaire, mais d’autres, les membres de la commission médicale notamment, veulent coûte que coûte maintenir le statut de Mohamed-Arezki Arabi comme « victime de guerre ».
« A chaque fois que je leur fournis des preuves que mon père a été blessé en tant que combattant du FLN en guerre contre la France, on me fait la promesse d’apporter le rectificatif nécessaire et à chaque fois que je considère que le problème est définitivement réglé, voilà que tout retombe à l’eau », nous confie Moussa Arabi.
Notre interlocuteur ajoute qu’en 2009, il a appris auprès de la direction des Moudjahidine de la wilaya de Tizi-Ouzou qu’une licence de tabac a été délivrée au « profit de son père ». « Mon père n’est jamais entré en possession de cette licence de tabac en question », précise Moussa lequel ne peut s’empêcher de s’interroger sur la véritable identité de la personne qui a bénéficié de la licence de tabac au nom de son père. « Quand Mon père et moi avons demandé aux responsables de la direction des Moudjahidine de la wilaya de Tizi-Ouzou de nous remettre le duplicata de la licence de tabac dans le but de connaître enfin celui ou celle qui l’exploite au nom de mon père, ils nous ont répondu par la négation ».
Moussa Arabi a indiqué encore que les responsables de la direction des Moudjahidine a essayé de l’orienter vers l’ONM (organisation nationale des Moudjahidine) mais au niveau de celle-ci, on lui a indiqué que la bonne réponse ne pouvait être donnée que par la direction des Moudjahidine. « De retour à la direction des Moudjahidine, dit-il, on m’a indiqué enfin que la bonne explication ne pouvait être donnée qu’à partir d’en haut, c’est-à-dire au niveau du ministère des Moudjahidine ».
Donc, une chose semble certaine : une personne a bénéficié d’une licence de tabac au nom de Mohamed-Arezki Arabi sans que celui-ci le sache et aujourd’hui encore cette personne continue à jouir de cette licence de tabac. La question est de savoir à présent si d’autres avantages n’ont pas été confiés à d’autres personnes ou tout simplement à cette personne qui a bénéficié de la licence de tabac au nom de Mohamed-Arezki Arabi ? Serait-ce cette personne dont le dossier de « reconnaissance » comporte la référence I/A/34I attribuée initialement à Mohamed-Arezki Arabi.
A la lumière de ce constat, tout suggère que le personnage qui veut spolier Mohamed-Arezki Arabi non seulement de son droit au statut de « combattant du FLN » mais aussi des dividendes liés à ce statut. Et si encore que tout indique que cet individu est « très puissant » dès lors qu’il défie les institutions de la république depuis 47 ans mais aussi un imposteur, il reste à savoir qui et pourquoi a-t-il choisi Mohamed-Arezki Arabi comme « sa victime » ?
Le ministère de la défense nationale reconnaît, par son document établi le 30 décembre 1967 sous le numéro I53I4/CS/ANP à Alger que « Monsieur Arabi Mohamed-Arezki, vu la décision de la commission spéciale de l’ANP du 25 décembre 1967, la qualité du Front de Libération Nationale lui est reconnue, et ce conformément à l’article II du décret 66-37 du 2 février I966 ». La Commission Spéciale pour l’ex-Fédération de France FLN spécifie dans sa décision n° 0I232 du 23 avril 1967 que « compte tenu de la décision de la Commission Spéciale en date du 25 avril I967, que la qualité de membre de l’OCFLN est reconnue à Monsieur Arabi Mohamed -Arezki ». La carte militaire établie par l’ANP au profit de Mohamed-Arezki Arabi porte le N° 0I372. Le document n°600/I4/DP de la direction du personnel du ministère de la défense nationale daté du I4 juin I963 mentionne la « démobilisation de Mohamed-Arezki Arabi due à son handicap ». Le même document informe également de sa mobilisation.
Les documents délivrés par les institutions de la république algérienne, notamment l’ANP, et dont nous avons une copie de chacune d’elle ne laisse aucun doute non seulement sur la qualité de combattant du FLN de Mohamed-Arezki Arabi mais aussi sur l’origine de son handicap. Nous réitérons que Mohamed-Arezki Arabi a été grièvement blessé lors d’un accrochage sanglant entre les vaillants combattants du FLN et les forces de sécurité françaises sur le sol de la France métropolitaine. Cela veut dire clairement que ce n’est pas en se promenant dans quelque beau et enivrant jardin fleuri, la rose à la boutonnière, que Mohamed-Arezki Arabi a été touché par une balle perdue pour être reclassé comme « victime de guerre ».

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