Le Congrès Mondial Amazigh à la XVI° université d'été de RPS
Régions et Peuples Solidaires (RPS), fédération réunissant les partis politiques régionalistes et autonomistes au sein de l'Etat français (Corse, Breton, Catalan, Basque, Occitan, Savoyard, Alsacien) a tenu son université d'été du 25 au 27 août 2011 à Mouans-Sartoux (sud de la France). En tant que membre associé de RPS, le Congrès Mondial Amazigh, représenté par son président Belkacem Lounes, a participé à ces journées. Devant Eva Joly, candidate d'Europe Ecologie-Les Verts pour les prochaines élections présidentielles en France (mai 2012), François Alfonsi, député au Parlement Européen et Président du friendship Euro- Amazigh, Gustave Alirol Président de RPS, Max Semioni vétéran de la cause Corse et les nombreux militants de RPS, le Président du CMA de retour d'un récent séjour en Libye, a présenté les principales violations des droits des Amazighs dans les différents pays de Tamazgha (nord de l'Afrique) et particulièrement en Libye durant l'ère Kadhafi. Il a ensuite décrit avec un diaporama, la situation actuelle dans l'adrar Nefussa libéré mais martyrisé par les bombardements et les souffrances des populations. Belkacem Lounes a précisé que les Igrawliyen (combattants Amazighs) de Nefussa ont joué un rôle décisif dans la libération de Tripoli et a terminé son intervention en disant qu'avec l'achèvement de la lutte armée pour libérer la Libye, s'ouvre le combat difficile pour la démocratie, l'état de droit, la reconnaissance et le respect de l'identité amazighe. Il a clairement indiqué le refus catégorique des Amazighs de voir leur résistance à la tyrannie et leur participation à la libération de la Libye, confisquées par un projet arabonationaliste et/ou islamiste. Il a appelé les membres de RPS à se solidariser avec le peuple amazigh de Libye et avec une Libye véritablement démocratique et plurielle et a invité Eva Joly à se rendre rapidement en Libye, ce qu'elle a immédiatement accepté.Auparavant, Eva Joly avait enthousiasmé le public en tenant un discours résolument favorable à l'autonomie des Régions et à la diversité linguistique et culturelle. Extraits :
« Je suis particulièrement heureuse de partager avec vous ce moment de réflexion et d'amitié, ici, à Mouans-Sartoux, en Occitannia ! Nous allons mener ensemble une belle campagne. Elle sera l'occasion de mettre en avant des thèmes communs comme par exemple la prise en compte des langues et cultures régionales. Si je suis élue je reviendrai sur l'article 2 de la constitution, adopté en 2008, qui n'est qu'un leurre. Au lieu de reconnaître la charte européenne 2 des langues régionales, le gouvernement Sarkozy/Fillon a fait adopter une vague phrase (« Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France »).
J'avoue que pour ma part, née étrangère et ayant appris la langue française comme une langue magnifique et désirée, je trouve curieux de supposer qu'un article de loi, fut-il de la constitution, puisse encore être utile à protéger la langue de Molière sur son lieu de naissance. Il ne peut servir qu'à faire périr d'autres langues, à réduire le bilinguisme comme on voudrait réduire la binationalité. Alors que le bilinguisme, comme la binationalité, est une chance et une richesse.
En plus, le conseil constitutionnel a considéré le 20 Mai dernier que cet article ne créait aucun droit en faveur des langues régionales. Si je suis élue, je reviendrais sur cette injustice. Je proposerais la reconnaissance des langues et cultures régionales dans un paquet institutionnel instaurant la 6èmeRépublique avec le droit de vote des étrangers aux élections locales, le non cumul des mandats, la reconnaissance d'un statut de l'élu et la possibilité d'une organisation différenciée des pouvoirs régionaux.
C'est-à-dire un pouvoir législatif étendu pour les régions. C'est ce qu'ont obtenu les peuples Gallois, catalans, basques, les lander allemands et c'est ce qui est en train de devenir la norme en Europe. C'est ce qu'on appelle l'autonomie politique des régions.
Je ne comprends pas pourquoi, en France, ce système de compétences nouvelles pour les régions, allant vers un système fédéral, est encore considéré comme un tabou. Celui-là, nous le ferons sauter ensemble.
Chers amis, cette année 2011 a vu le soulèvement démocratique des peuples au Maghreb et au Moyen Orient, dont nous venons de vivre un nouvel épisode avec la chute du dictateur Khadafi. C'est une nouvelle étape de la décolonisation qui s'est ouverte avec les révolutions démocratiques tunisienne, égyptienne, libyenne, syrienne, bahreini. L'Union pour la Méditerranée, cette coquille vide du Sarkosysme est morte née. Ce qui est en train de se construire sous nos yeux c'est l'Union des peuples de la Méditerranée. Or, que voyons-nous ? La question des identités de ces peuples, soumis à la colonisation ottomane, anglaise ou française, puis à des pouvoirs despotiques néocoloniaux est en train de ressurgir. Il n'y aura pas d'union libre de l'Euro-Méditerranée sans reconnaissance des droits des peuples palestiniens, kurdes, Amazighs, sahraouis, des minorités religieuses comme les Coptes. Il n'y aura pas de construction d'un avenir entre les peuples de la Méditerranée sans solution politique à ces questions qui se posent en Turquie comme en Italie, en Algérie comme en France. Nous devons donner une nouvelle impulsion à la politique euromédittéranéenne considérée comme une question démocratique essentielle.
Je veux vous faire part aujourd'hui d'une conviction profonde. Il est désormais temps que les idées communes qui nous rassemblent prennent toute leur place dans la vie démocratique. L'écologie et le fédéralisme, ce n'est pas pour demain, c'est pour maintenant ! Et pour que les choses soient encore plus claires : dans le débat présidentiel qui s'ouvre, nous n'avons pas seulement l'intention de témoigner de nos idées, nous avons la volonté de les faire gagner ! Le système politique que nous prônons, nous tous les militants d'Europe Ecologie Les Verts, est celui du fédéralisme différencié. C'est le contre-pied radical du système centralisé unitariste français. La France n'est pas Paris 7ème, la France n'est pas Neuilly.
Nous voulons ainsi remplacer la pyramide descendante du pouvoir par une pyramide ascendante, de l'échelon géographiquement le plus petit à l'échelon géographiquement le plus grand, selon un principe de subsidiarité et non de hiérarchie. Nous voulons encore, suivant en cela les modèles espagnol ou canadien, que chaque région puisse avoir un statut différent, des compétences différentes, en fonction de ses propres revendications. Nous voulons enfin que la région soit avant tout un espace politique de débats démocratiques et de prises de décisions au lieu de devenir simplement un territoire en concurrence avec d'autres.
Il est temps d'accorder enfin aux régions un pouvoir réglementaire élargi, voire un pouvoir législatif secondaire, permettant d'adapter aux réalités régionales les normes nationales dans nombre de domaines : culture, environnement, littoral, etc.
L'inflexion forte en matière de compétences et de budgets doit évidemment s'accompagner de l'institutionnalisation d'un véritable gouvernement régional.
Prenons notre destin en mains. Vive l'Europe des Régions, vive l'écologie, vive la France, riche de sa diversité ».
Mouans-Sartoux, Occitanie, France, 27/08/2011
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