Détenus politiques de la cause amazighe : Prison de Sidi Saïd de Ameknas

Détenus politiques de la cause amazighe : Prison de Sidi Saïd de Ameknas

Détenus politiques de la cause amazighe : Prison de Sidi Saïd de Ameknas

Communiqué

Trois années se sont écoulées et l’Etat marocain persiste à continuer de nous détenir, nous militants de la cause amazighe, à la prison de Sidi Said de Ameknas, en dépit des pressions qu’il subit de la part des organisations internationales des droits qui sont vaincues de notre innocence et de la vacuité de l’accusation que le Makhzen a voulu nous endosser, dans le cadre d’une opération de règlement de comptes avec le mouvement culturel amazigh.

Nous affirmons au Makhzen, d’un côté, que la prison ne nous terrorise pas et ne tuera pas nos idées, bien au contraire, elle renforce notre révolte contre la réalité amère qu’il a « fabriquée » au nom de l’arabisation de toutes choses au Maroc. D’un autre côté, et en dépit de la négation et de la marginalisation programmées contre le peuple amazigh et dans la continuité de nos luttes pour notre dossier – convaincus que le combat pour l’existence et la dignité nécessite des sacrifices que traduit les visites effectuées auprès de nos familles et qui entérinent la conviction en les valeurs de Timmouzgha ;

Du sein des cellules de la honte et de la veulerie, nous affirmons au peuple amazigh en général que l’objectif du Makhzen, par notre arrestation et la prononciation de jugement douteux, dans le cadre d’un procès raciste, s’inscrit dans le cadre d’un plan visant la voix amazigh libre au sein de l’espace universitaire qui participe à la diffusion des connaissances, particulièrement celles ayant trait à l’environnement socioéconomique et politique. Espace qui défi les choix gouvernementaux et sécuritaires qui ont substitué à la politique de militarisation de l’université marocaine la politique de torpillage des composantes estudiantines actives pour semer les graines de la division.

Ce qui se fomente au sein de l’université marocaine contre les étudiants de manière générale, particulièrement les militants du mouvement culturel amazigh porteurs d’un discours libérateur qui défend la diversité, le droit à différence et le débat intellectuel, est tributaire des calculs de ceux qui veulent transformer l’espace universitaire en champ de production des nihilistes et de pessimistes, une génération coupée des préoccupations linguistique, culturel, économique et politique du peuple marocain dans toutes ses composantes.

Face à ces défis et à la politique de résignation ainsi qu’aux calculs circonstanciels et l’étouffement de l’université dans le but d’affaiblir le rayonnement culturel, le mouvement culturel amazigh, grâce à ses militants libres, a pu développer un discours moderniste, démocratique et laïque qui en a fait une équation tenace pour la Makhzen marocain, en raison du rythme ascendant de son discours. Le mouvement culturel amazigh est présent dans la majorité des universités grâce à une organisation structurée au niveau national qui unifie les avis et les positions.

Partant de cela, nous demandons au mouvement culturel amazigh particulièrement, au mouvement amazigh en général et aux organisations indépendantes de droit dotée d’une conscience vivante d’exercer des pressions sur l’Etat marocain en vue de notre libération sans conditions. Car, notre arrestation est aux antipodes des slogans brandis tels « L’Etat de droit et de justice », « La réforme de la justice »…Notre arrestation arbitraire ne fera aussi que renforcer le fossé entre l’Etat et le peuple marocain.

Ouadouch Hamid

Oussaya Mustapha

Le 28 / 09 / 2010.

(Consulter la version originale en arabe sur le site : www.amazighworld.org)