Egypte : plaidoyer des Frères contre l'égalité des femmes
Mots clés : Droit Des Femmes, Egypte, Mohamed Morsi, Frères Musulmans
Par Anne-Laure FrémontMis à jour | publié Réactions (83)
Par Anne-Laure FrémontMis à jour | publié Réactions (83)
Manifestation au Caire contre les Frères musulmans le 8 mars dernier, lors de la journée des droits des femmes.
La confrérie dont est issu le président égyptien dresse une liste des droits des femmes auxquels elle est farouchement opposée.
Dans leur réponse, les Frères musulmans estiment que le document onusien est «trompeur», qu'il «inclut des articles qui contredisent les principes établis de l'Islam, réduisent à néant la moralité islamique et détruisent la famille, base de la société». Pour eux, ce texte serait même «la dernière étape de l'invasion intellectuelle et culturelle des pays musulmans».
Nécessité «de demander l'accord du mari pour voyager»
Pour justifier ses propos, la confrérie expose dix arguments. Elle s'oppose par exemple à l'«octroi aux filles d'une liberté sexuelle totale», à «l'égalité totale dans la législation du mariage», à «la fourniture de contraceptifs aux adolescentes», à «l'annulation de la nécessité de demander l'accord du mari pour voyager, travailler ou utiliser des moyens de contraception», à «la protection et au respect aux prostituées» . Les Frères dénoncent également le fait d'«accorder à l'épouse le plein droit de poursuivre en justice son mari pour viol ou harcèlement sexuel» ou encore le fait de «retirer au mari l'autorité du divorce pour la placer dans les mains de juges».Depuis leur arrivée au pouvoir, après la chute du régime de Hosni Moubarak en 2011, les Frères musulmans se montraient, sinon rassurant, du moins évasifs sur la question des droits de la femme. Morsi, lui-même, se présente comme un modéré. Mais avec ce communiqué, la confrérie expose pour la première fois de manière explicite ce que doit être, selon elle, la place de l'Egyptienne dans la société.
Le gouvernement prend ses distances
Dans une interview réalisée jeudi et révélée par le quotidien américain The New York Times, Pakinam El-Sharkawy, conseillère politique du président Morsi, prend ses distances vis-à-vis de la déclaration des Frères, qui, selon elle, ne parlent pas au nom du président.«Ce n'est pas l'institution de la présidence, et ce n'est pas une entité officielle», assure-t-elle. Les Frères musulmans ont en effet une vitrine politique, le parti de la Liberté et de la Justice (PLJ, au pouvoir), que dirige Morsi. Le régime fait tout pour «mettre fin à toute forme de violence à l'égard des femmes», ajoute Pakinam El-Sharkawy.Pourtant, depuis l'arrivée à la tête de l'Etat de ces derniers, mais aussi de groupes fondamentalistes (les salafistes d'Al-Nour sont désormais la deuxième force politique du pays), nombreux sont ceux qui s'inquiètent de voir le pays devenir plus conservateur et patriarcal. Pour Ghada Shahbandar, de l'Organisation égyptienne des droits de l'homme - citée par le quotidien américain, «c'est la première fois que nous les entendons tenir ce genre de propos sur la scène mondiale, mais cela fait partie de leur rhétorique depuis des lustres».
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